“ຮົງກົງ:ພລັງຂອງສີ ຈີງປີງ ບໍ່ການລົງໂທດໄດ້“

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Editorial du « Monde ». C’est devenu un trait caractéristique de la politique de Xi Jinping : de la répression de la société civile à l’internement massif de la minorité ouïgoure en passant par les purges sous couvert de lutte anticorruption, le chef de l’Etat-Parti chinois frappe toujours plus fort que ce qui est anticipé. La répression en cours à Hongkong ne fait pas exception.
Implacablement, méthodiquement, brutalement, Pékin resserre son étreinte sur le territoire en bafouant les derniers vestiges démocratiques qui en faisaient la spécificité. Le report d’un an, vendredi 31 juillet, des élections législatives qui devaient avoir lieu en septembre, apparaît comme une étape supplémentaire de cette mise au pas.
Le basculement s’est produit il y a un mois, avec l’instauration de la loi dite « sur la sécurité nationale ». En criminalisant les atteintes à son pouvoir, Pékin a transposé ce que subissent les dissidents en Chine continentale : police politique, dénominations juridiques floues permettant l’arbitraire, juges acquis au pouvoir. Après des mois de contestation d’une jeunesse s’accrochant désespérément aux libertés dont elle jouissait jusqu’alors, cette loi annonçait déjà la fin d’une époque.

Restait une inconnue, quant à l’usage que Pékin comptait faire de ces nouveaux pouvoirs. Le régime aurait pu se contenter d’avoir atteint un premier objectif en semant la peur, mais il a choisi d’utiliser cette loi avec le plus grand zèle, quelques semaines seulement après son adoption.
Douze candidats aux législatives disqualifiés
Mercredi 29 juillet, le texte, qui prévoit des peines allant jusqu’à la perpétuité et le transfert vers la Chine continentale dans certains cas non définis, était invoqué contre quatre étudiants de 16 à 21 ans arrêtés pour avoir organisé un forum sur Internet. Le lendemain, l’exécutif local disqualifiait douze candidats aux prochaines élections législatives, précisant que quiconque ne souscrivait pas à la nouvelle loi liberticide ou envisageait d’utiliser son droit de veto de député pour faire pression sur le gouvernement n’était pas « digne » du mandat. Autrement dit, le Conseil législatif de la cité n’existe plus que sur le papier.
Enfin, vendredi, les autorités ont annoncé le report des élections, prétextant une reprise de la pandémie de Covid-19. Le motif ne trompe personne. Pékin craignait que les Hongkongais n’expriment leur colère dans les urnes, comme ils l’ont fait déjà fait dans les rues ou lors des élections locales de novembre 2019.
La Chine ne se donne même plus la peine de faire illusion sur le respect de la Loi fondamentale et du principe « un pays, deux systèmes », instauré en 1997 lors de la rétrocession du territoire par le Royaume-Uni, qui garantissait une large autonomie, notamment en matière de justice.
Hormis l’annulation de traités d’extradition et l’interdiction de certaines exportations sensibles, la pression internationale se montre bien faible. Ce report des élections intervient fort opportunément au lendemain des propos de Donald Trump suggérant de différer le scrutin présidentiel américain de novembre. Du coup, les critiques sur la situation à Hongkong perdent toute crédibilité, alors que le président des Etats-Unis est lui-même tenté d’aménager le calendrier électoral selon ses propres intérêts.
Quant aux Européens, ils ne cachent pas que l’expression de la réprobation ne doit en rien affecter la relation commerciale avec la Chine, qui reste la priorité. Dans ce contexte, Xi Jinping peut en toute impunité continuer à employer la méthode forte.
(Le Monde)