“ ພຣະພຸດທະເຈົ້າ, ເປັນ ນັກປັນຍາຊົນ, ນັກປັດຊະຍາ ຫຼືພຣະສົງ?-Bouddha, un sage, un philosophe ou un religieux?“ ຂ່າວຈາກວິທະຍຸຝຣັ່ງສາກົນ RFI..

ພຣະພຸດທະເຈົ້າ, ເປັນ ນັກປັນຍາຊົນ, ນັກປັດຊະຍາ ຫຼືພຣະສົງ?- ຂ່າວຈາກວິທະຍຸຝຣັ່ງສາກົນ RFI..

Bouddha, un sage, un philosophe ou un religieux?

Ce que l’on sait du fondateur historique du bouddhisme est inversement proportionnel à l’intérêt suscité par cette pratique dans le monde entier. Né il y a plus de 2 500 ans, Siddhartha Gautama quitte son palais pour mener une vie itinérante d’ascète, œuvrant pour mettre fin à la souffrance humaine. Jean-Luc Toula-Breysse, auteur de Bouddha, Bouddhisme revient sur une vie devenue l’objet de tant de légendes. Entretien.

RFI Connaissances : Il y a beaucoup de légendes au fil des siècles qui se sont greffées autour du personnage. Qui était le Bouddha historique dont la vie se serait déroulée de 560 à 480 avant Jésus-Christ ? Comment sait-on qu’il a existé ?

Jean-Luc Toula-Breysse : Le récit de son existence a été relaté, comme Jésus, à travers les paroles de ses disciples. Et aussi de son fils. Son enseignement s’est diffusé au fil des années. Il est né au VIe siècle avant Jésus-Christ et ce n’est qu’à l’ère chrétienne que les premiers textes fondamentaux sont apparus. La transmission s’est, en effet, faite de manière orale jusqu’à cette période. Beaucoup de personnes se sont interrogées sur son existence réelle. Le travail des indianistes, des chercheurs, des archéologues, les références des textes anciens qui sont multiples, permettent de dire qu’il a véritablement existé. C’est pour cela qu’on le nomme le « Bouddha historique ».

On lui donne plusieurs noms : Siddharta Gautama ou Sakyamuni. Il y a beaucoup d’orthographes, diverses langues utilisées également pour nommer Bouddha…

Siddharta, c’est son prénom. Cela signifie « celui qui poursuit son but ». Gautama, c’est son patronyme. On dit aussi Sakyamuni, car il faisait partie de la tribu des Sakya. Et le père du Bouddha historique est le chef de la tribu des Sakya. Sakyamuni, cela signifie « le sage des Sakya » qui sont des guerriers.

Qui sont ses parents ?

La famille de Siddharta Gautama est une famille aisée, issue d’une tribu guerrière. On sait que le Bouddha historique est le fils d’un chef valeureux, Suddhodana. Et d’une reine, qui s’appelait Maya. La littérature bouddhique dit que sa mère était aussi belle que pieuse. Siddharta Gautama a une enfance dorée. Il naît sur les contreforts méridionaux des Himalayas. À l’époque, le Népal n’existait pas. Chacun revendiquera ensuite le lieu de naissance du Bouddha. Et finalement, cela a été reconnu, y compris par l’Unesco, qu’il est né à Lumbini. C’est aujourd’hui à la frontière indo-népalaise, mais du côté du Népal. Les frontières ont évolué. Il y a une stèle qui authentifie le lieu de naissance du Bouddha historique. C’est, en tout cas, devenu un lieu de pèlerinage pour beaucoup de bouddhistes.

Dans quelle Inde a-t-il vécu ?

Six siècles avant Jésus-Christ, il y a plein de royaumes dans les Himalayas. Dans chaque vallée, il y a des clans. La société est en pleine transformation. L’urbanisation et l’essor du commerce entraînent des modifications dans la société. Les brahmanes sont aussi remis en question. Il y a un mouvement incroyable à ce moment-là avec la naissance de mouvements fondamentaux. Les contemporains de Siddharta Gautama sont Confucius, par exemple, en Chine. Les ancêtres, la famille, les valeurs humaines sont au centre de son enseignement. Il y a Lao Tseu qui va initier la Chine, puis les pays voisins, au taoïsme. Il y a Pythagore du côté grec, il y a Héraclite aussi, philosophe et presque scientifique, Zarathoustra en Perse. Tous ces hommes ont bouleversé la donne avec une approche beaucoup plus humaine. Même si dans le monde grec et romain, et dans tous les polythéismes, il y a encore les dieux. Mais ces hommes, comme le Bouddha, ne sont pas des dieux. Ce sont des hommes qui, avec leurs expériences, imaginent ou créent et transmettent un enseignement.

Qu’est-ce que signifie le terme « Bouddha » ?

Au XIXe siècle, on traduit « Bouddha » par « l’Illuminé ». Mais une spécialiste du CNRS me disait fort justement que la notion d’illuminé induit que quelque chose vient de l’extérieur vers lui. Tandis qu’avec le mot « éveil », c’est lui qui s’éveille lui-même. Donc, le terme « éveillé » est plus juste, à mon sens. À l’âge de vingt-neuf ans, peu après la naissance de son fils unique, il abandonne son palais, renonce à sa vie très aisée et devint ascète en quête de solutions à la souffrance des hommes. Pendant plusieurs années, il cherche et se cherche. Il rencontre des maîtres religieux, étudie. Et un jour, sous un arbre que l’on appelle l’ « Arbre de l’Éveil » ou l’ « Arbre de la Bodhi », sur la rive du fleuve Neranjara, à Bodh-Gaya, il a une prise de conscience. Il se libère de la condition humaine et devient le Bouddha.

C’est dans cette vie d’errance qu’il pratique la méditation ?

Oui. Il apprend à vivre seul et pratique la méditation. Dans les traditions indiennes, la méditation existait déjà, mais elle n’était pas aussi puissante. Méditer, c’est, pour le Bouddha, une possibilité de faciliter la cessation de la souffrance. Ce n’est ni regarder sa vie dans un rétroviseur en se disant : « Ah, dans le passé, j’ai fait ci, j’ai fait ça, j’aurais pu faire ci, spéculer sur un futur incertain, mais être ici et maintenant. » Il pratique également des exercices de rétention du souffle. Cette discipline ascétique lui permet de faciliter son cheminement vers l’extinction totale, c’est-à-dire le Nirvana, la fin de la souffrance, l’absence de limite qu’il atteindra au moment de l’Éveil.

Quelles sont les quatre vérités qui sont au cœur de son message ?

La première vérité, c’est que tout est souffrance. La naissance, la maladie, la vieillesse, la mort, tout est souffrance, Dukkha en sanskrit. La deuxième noble vérité, c’est : quelle est la cause de cette souffrance ? Pour lui, c’est le désir. Et c’est aussi l’illusion. Par exemple, le désir, c’est quand on veut quelque chose, qu’on ne l’a pas et que l’on souffre. Ou bien, on veut quelque chose, on l’a, mais à un moment donné, on ne l’a plus : on souffre encore. La troisième noble vérité, c’est la cessation de la souffrance. Quand on a compris que tout est souffrance, que la souffrance est là, parce que le désir est là. Comment peut-on faire pour que la souffrance cesse ? Supprimer le désir. Donc, supprimer l’attachement, ou bien l’attachement au monde, et supprimer l’ignorance. Et la quatrième noble vérité, c’est le chemin qui conduit à cette cessation. On appelle cela l’« octuple sentier », pour les huit voies à prendre pour la cessation de la souffrance : la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, l’attention juste, le moyen d’existence juste, l’effort juste et la concentration juste. Donc, si on est dans cet état d’action, d’attention dans la justesse, cela permet de ne plus souffrir. Voilà, c’est ça le bouddhisme. Et la force de son enseignement va reposer surtout sur ces quatre vérités qu’il va transmettre à ses premiers disciples.

Après l’Éveil, Bouddha continue son chemin pour transmettre son message ?

Bouddha fait un sermon fondateur à Bénarès. Il s’adresse à tous, des plus érudits aux plus humbles. Il encourage tout le monde à être libre de toute opinion. C’est assez libertaire. Cette première communauté qui s’intéresse à ce qu’il dit n’est pas religieuse. Ce sont des laïcs, des hommes, des femmes. De plus en plus de personnes l’écoutent. Les premières communautés de moines verront le jour ensuite. Il mène une longue vie, 45 ans de prédication, d’enseignement dispensé tout au long de ses pérégrinations sur les routes de l’Inde. Puis, malade, à la fin de sa vie, il retourne dans le pays de son enfance pour l’extinction suprême à l’âge de 80 ans. Le rayonnement du bouddhisme va se faire ensuite petit à petit et s’étendre dans toute la région. La voie des Anciens, dite l’« école du Sud » ou Theravâda, va s’implanter dans les pays du Sud-Est asiatique, c’est-à-dire dans l’actuel Sri Lanka, en Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge et Sud-Vietnam. Il correspond au bouddhisme originel, appelé Hinayana, le « Petit Véhicule ». L’école du Nord, avec le Mahayana, née en Inde, va se répandre au début de l’ère chrétienne. Cette voie, qui se fait appeler « Grand Véhicule », arrive en Chine, puis au Japon, en Corée, au Vietnam et à Taïwan. Le Vajrayana se développe un peu plus tard, entre les IIIe et IVe siècle, notamment au Tibet.

Bouddha est-il un fondateur de religion, un philosophe ou un sage ? Quel est son statut ?

C’est un sage. Un maître dans la tradition extrême-orientale qui va transmettre, par son expérience, une connaissance. Il accompagne. Il donne des clés. Chacun est libre d’agir pour éviter la souffrance. Il n’a pas créé une Église. Il a créé une communauté. Il n’a pas créé de religion, car il n’est pas un fils de Dieu tel que nous l’envisageons dans les religions monothéistes. Sauf si on considère que religieux, ça vient du latin religare, qui veut dire « lié les uns aux autres ». Le bouddhisme est devenu une grande spiritualité. Beaucoup de pratiquants, de fidèles le voient comme une divinité ; et c’est vrai, la pratique est quasi religieuse. Mais cet aspect-là est à des années-lumière de l’enseignement. Un moine tibétain me disait : « On peut être athée et être bouddhiste. Et on peut croire en Dieu et être bouddhiste. »

Dans les premiers siècles après la mort de Bouddha, celui-ci n’est pas représenté. On parle d’aniconisme. Le Bouddha est évoqué par des éléments iconographiques connus des fidèles et des brahmanes. Par exemple, pour évoquer l’Éveil, on représente un arbre, des démons et un siège vide. Puis, au début de l’ère chrétienne, on décide de représenter le Bouddha sous forme humaine. Les premières représentations le montrent en position de méditation ou position du lotus (le lotus symbolise un épanouissement, un éveil toujours possible). Elles viennent du royaume indo-grec du Gandhara (l’actuel Pakistan) et à Mathura (actuel État de l’Uttar Pradesh, en Inde). Ces gestes symboliques de la main appelés mudras évoquent les principaux épisodes de sa vie. Par exemple, la main droite qui touche le sol, pendante, paume tournée vers le Bouddha, avec les doigts allongés touchant le sol, évoque l’Éveil de Bouddha, sous l’Arbre de la Bodhi. Il subit les assauts de l’esprit tentateur. La main qui touche la terre montre sa détermination. Il prend à témoin la déesse « Terre ». Une autre mudra, main droite levée, paume tournée vers l’extérieur, les doigts tendus vers le haut, est un geste d’absence de crainte. Il évoque le moment où le Bouddha fut attaqué par un éléphant.