Le nouveau train chinois place le Laos sur la carte des échanges
La Laos inaugure vendredi 3 décembre une ligne de chemin de fer de 420 kilomètres qui relie Vientiane à la frontière chinoise et place le pays sur le couloir logistique chinois allant jusqu’au golfe de Thaïlande.
Par Brice Pedroletti(Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)
Publié hier à 12h30, mis à jour à 02h11
Cinq ans après le lancement du chantier, le Laos inaugure sa première grande ligne de chemin de fer vendredi 3 décembre. Construite et financée par la Chine, elle va relier en un peu moins de trois heures, la capitale, Vientiane, à Boten, à la frontière chinoise et, au-delà, au réseau de train chinois à grande vitesse jusqu’à Kunming, dans le sud-ouest du pays. Aux couleurs du Laos, rouge, bleu et blanc, le train parcourt 420 kilomètres à des vitesses allant jusqu’à 160 kilomètres par heure, à travers une dizaine de gares en activité.
Depuis 2009, seule une voie de 3,5 kilomètres reliait Nong Khai, côté thaïlandais, à une petite gare à 20 kilomètres de Vientiane. L’inauguration du train, prévue vendredi après-midi par les dirigeants du petit pays communiste de 7,2 millions d’habitants, devrait s’accompagner d’un entretien en visioconférence entre le premier ministre, Phankham Viphavanh, et le président chinois, Xi Jinping. Covid-19 oblige, seules des marchandises seront transportées entre les deux pays.
Pour la Chine, c’est le premier tronçon des trois couloirs ferroviaires envisagés de longue date de Kunming à Singapour, et étiquetés depuis 2013 « nouvelles routes de la soie », l’initiative phare du numéro un chinois, à être réalisé. Les deux autres, via la Birmanie, à l’ouest, et le Vietnam, à l’est, sont encore à l’état de plan. Pour le Laos, c’est une révolution : « Le Laos a toujours été enclavé, et la Thaïlande est historiquement sa seule route commerciale vers le reste du monde. Les Français avaient tenté de construire des voies vers l’est [le Vietnam], puis les Soviétiques, mais ça n’a jamais marché », estimait le 2 décembre lors d’une table ronde à Bangkok l’économiste laotien Souknilanh Keola, chercheur de l’institut des économies en développement de la Japan External Trade Organization. « Le Laos devait passer par un port thaïlandais pour envoyer des conteneurs en Chine ou au Japon, à l’opposé géographiquement. » Ce tournant en matière de débouché commercial se fait toutefois à un « coût extrêmement élevé en regard de la taille du Laos », précise-t-il.